Réaliser des petits interviews sympa auprès de personnes qui ont repris le pouvoir sur leur vie nous tenait particulièrement à coeur. Pour débuter cette série de portrait, nous avons eu la chance d’interviewer Yann Lambiel sur son parcours professionnel. Installateur sanitaire il y a quelques années, c’est aujourd’hui avec le nouveau spectacle “Get’Up” qu’il réalise sa énième tournée.
Quelle était votre activité professionnelle avant de vous lancer dans une carrière artistique ?
J’ai réalisé 2 apprentissages et travaillé 3 ans. En parallèle, je jouais sur des petites scènes en valais. Lors d’une année sabbatique, plutôt que de faire la fête comme mes amis, je me produisais sur différentes scènes en tant que batteur et chanteur. J’ai vraiment tout appris avec cet orchestre.
Par exemple, j’ai appris à gérer les contrats, à comprendre à quel moment les spectacteurs étaient le plus réceptif et, enfin, où me placer dans la salle pour que tout le monde me voie. J’ai donc pu, tout de suite, imposer le fait que je souhaitais jouer à 20h30 uniquement.
À l’époque, je gagnais davantage avec les spectacles qu’avec mon apprentissage et par conséquent, je n’ai donc pas vraiment le sentiment d’avoir fait un changement de carrière. Je dirais que c’est plus le hobby qui s’est transformé en métier.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Mes amis disent que je suis un entrepreneur. Personnellement, j’aime bien dire que je suis un artisan du spectacle.
Mon père était lui-même un artisan. Il m’a notamment appris à ne pas dépendre trop des autres et à préférer des petites choses bien faites plutôt que des grandes choses non terminées et incomplètes.
Aujourd’hui, j’ai ma propre société de production. Je pourrais produire plusieurs autres personnes, mais je préfère me concentrer sur moi afin d’éviter d’être dispersé et de mal faire les choses. Je trouverais dommage que certains se sentent lésés sous prétexte que j’ai moins de temps pour réaliser les choses correctement.
Quel a été l’élément déclencheur pour ce changement ?
C’est ma femme.
Lorsqu’elle est revenue d’un voyage de 7 mois à Londres. Nous nous sommes retrouvés tous les deux en valais. Sa tante, qui travaillait à Genève, lui a proposé un emploi. Nous avons fait nos calculs et mes économies nous permettaient de payer un loyer pour 2 mois uniquement. Ensuite, on paierait les suivants grâce à son salaire. Nous sommes donc partis à Genève en nous disant que nous avions une année devant nous pour démarrer une nouvelle carrière.
Ma femme a beaucoup déterminé les choses que j’ai faites, car je suis plutôt un casanier. Si elle ne m’avait pas entrainé, je ne serais pas probablement pas parti et je serais sûrement resté à Saxon ou encore installateur sanitaire.
En fait, je suis quelqu’un qui n’aime pas vraiment l’inconnu. Les voyages en sac à dos ne sont pas vraiment fait pour moi, ou alors avec une personne qui maitrise bien. Vraiment, sans ma femme je serai probablement resté saxonin.
Sophie: Alors qu’est-ce qui fait que vous avez osé votre dernier spectacle « Get’Up », plutôt innovant et avant-gardiste ?
C’est une sorte de naïveté qui me pousse à essayer. Je m’entoure de personne qui maitrisent et je me dis « on verra bien ». Je laisse faire les choses, car je crois assez en ma bonne étoile. Si les choses doivent se faire, elles se feront et sinon tant pi. En fait, je lance des hameçons et je regarde celui qui croche.
Par rapport à votre carrière humoristique, quelle a été la période la plus délicate et comment avez-vous fait pour vous en sortir ?
Franchement, c’est maintenant. J’ai 40 ans et j’ai l’impression d’avoir déjà tout réalisé. Je me suis produit à la télévision, à la radio et dans différents pays comme la France et le Québec.
Aujourd’hui, je recherche à apprécier chaque moment du spectacle, car j’ai tendance à attendre la suite. Je trouve dommage d’attendre la fin de la tournée et de me rendre compte que je n’ai pas profité, mais que j’ai passé mon temps à chercher quel serait le prochain challenge.
Apprendre et jouer les premières sont des challenges pour moi, ensuite je trouve que ça devient facile. Donc aujourd’hui, je recherche à profiter de chaque moment et à trouver l’activité qui me fera apprendre davantage.
De quoi êtes-vous le plus fier ?
Personnellement, de mon fils, Maxime et professionnellement parlant, de mon parcours. Je suis assez content.
Si vous pouviez vous donner un conseil à la personne que vous étiez il y a 10 ans, quel serait-il ?
C’est une question difficile. Si je me donne un conseil dans le passé, cela signifie que je peux influencer le présent et je n’en ai pas envie. C’est bel et bien toutes mes expériences qui m’ont permis d’en arriver là aujourd’hui. Chaque chose et chaque événement a son importance et je n’aurais pas envie de modifier ni le passé ni le présent.
Comme je n’ai pas fait d’erreur déterminante, je me dirais « vas-y tranquille ».
J’aurais peut-être plus un conseil à me donner concernant ma vie personnelle. J’aurais voulu plus anticiper les besoins de ma femme. On a mis 10 ans avant d’avoir notre fils Maxime et c’était des moments difficiles, particulièrement pour elle. Je ne me rendais pas forcément compte de ses besoins tant qu’elle ne les exprimait pas clairement, j’avais plus tendance à ne pas agir, comme beaucoup d’hommes. Aujourd’hui, j’aimerais agir différemment et effectivement, plus anticiper ses besoins.
Quelle question poseriez-vous à la personne que vous admirez le plus ?
C’est une bonne question, je ne peux pas dire que j’admire une personne en particulier. Peut-être que je demanderais à Phil Collins de me raconter quelques anecdotes lorsqu’il était avec Genesis.
Je ne suis pas vraiment une personne qui donne des conseils, comme un vieux chnoque qui se la pète. Je pense que chacun doit faire ses propres expériences et faire son propre chemin.
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