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Régis est quelqu’un de plutôt discret mais dès qu’il parle de son projet, c’est un autre homme. A l’aide de ses ateliers culinaires, il parvient à convaincre et sensibiliser même les carnivores les plus acharnés. Il partage avec nous son parcours et ses valeurs, proches de la nature et responsable.

Que faisais-tu avant ?

Après ma scolarité, je ne me voyais pas poursuivre au gymnase, alors j’ai fait un CFC avec maturité d’Automaticien au CPNV d’Yverdon. J’ai ensuite essayé 6 mois de CMS pour entrer à l’EPFL, mais j’ai senti que je n’avais pas le niveau, c’est pourquoi j’ai fait un Bachelor en Génie thermique, avec un grand intérêt pour l’optimisation énergétique.

Dans la même lignée, j’ai eu plusieurs expériences avec le service civil dans un gite de tipis à la Vallée de Joux, dans un laboratoire de photovoltaïque à Neuchâtel et à l’Office Cantonal de l’Energie à Genève. Du côté de mes passions, j’adore la photographie et le voyage, notamment avec 11 mois en Australie, Nouvelle-Zélande et Indonésie.

Que fais-tu aujourd’hui ?

Je travaille à 90% pour un bureau d’ingénieurs-conseil en énergie du bâtiment, pour lequel je m’occupe de mises à l’enquête, certifications et bilans énergétiques. À côté de cela, il y a 3 ans j’ai commencé à inviter des amis à venir manger tous les lundis des repas sans viande, BIO et local. Après la première année, j’ai élargi le concept en faisant des ateliers culinaires. Les personnes cuisinaient avec moi les aliments de saison autour d’un panier de proximité. L’implication des invités permet de mieux prendre conscience que ce n’est pas si compliqué de manger sans viande et avec du goût.

Parfois, les invités souhaitaient payer pour la soirée, car ils se sentaient redevables. J’ai d’abord refusé mais j’ai compris qu’avec l’engouement, de plus en plus d’inconnus souhaitaient venir aux Reggie’ Monday et qu’un montant raisonnable me permettrait d’améliorer le concept. J’ai donc créé la saison 3 avec un site internet et aujourd’hui je fais 3 lundis sur 4 des ateliers thématiques d’une dizaine de personnes, à chaque fois complets.

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Quel a été l’élément déclencheur pour ce changement ?

Le mouvement des lundis sans viande est venu de Paul McCartney et ses Meat Free Monday. À Lausanne, certains restaurants commençaient à faire de même. Et il y avait tous ces scandales alimentaires de la viande de cheval, des conditions de vie des animaux et de l’épuisement des ressources. J’ai donc voulu devenir un acteur de ce changement.

Mon troisième lundi, je suis parti en voyage en Norvège chez l’habitant et j’ai proposé de faire à manger sans viande là-bas. Ils n’étaient pas trop habitués à cela, mais je me suis dit que si je pouvais le faire chez des Norvégiens, je n’avais plus d’excuse pour ne pas le faire en Suisse.

Par rapport à ta carrière, quel a été le moment le plus délicat et comment as-tu fait pour t’en sortir ?

De changer mes habitudes et de me forcer à tenir un rythme grâce à ma motivation. Mon but était de sensibiliser les gens à ce qu’ils mangent et de démonter l’amalgame qu’on fait souvent entre hippies et végétariens. Être écolo ne devrait pas être stigmatisé, au contraire cela devrait être une norme, on a tous à y gagner, pas uniquement la planète. Manger de la viande, si on fait le bilan énergétique, c’est pire que l’huile de palme !

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De quoi es-tu le plus fière ?

Lorsque des personnes viennent pour la première fois et qu’ils se rendent compte que ce n’est pas si difficile de bien manger et d’être un peu responsable. Même si c’est des petits changements, cela a un impact. Et à chaque fois que je fais les ateliers culinaires, je suis fier de changer à mon échelle la mentalité collective, c’est cela qui me donne la motivation pour organiser le suivant.

Si tu pouvais te donner un conseil à la personne que tu étais il y a 10 ans, quel serait-il ?

De me donner les moyens d’agir et de croire en mes ressources. D’être acteur et pas seulement passif et d’oser entreprendre en suivant mes valeurs. Nous avons tous en nous une force qui nous permet d’avancer et de faire de grandes choses, il faut simplement se faire confiance.

Quelle question poserais-tu à la personne que tu admires le plus ?

« Quel est ton plus grand rêve aujourd’hui ? »

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