Découvrez le portrait de Jo Simoes, un photographe tout aussi talentueux que modeste que l’on remercie de nous avoir fait partager son parcours et son expérience.
Que faisais-tu avant ?
J’ai commencé par un apprentissage dans la vente. À la base, je souhaitais faire cette formation de vendeur dans le domaine du sport. Suite à quelques complications, la place qui m’était promise a été donnée à quelqu’un d’autre. De ce fait, j’ai dû trouver rapidement une autre place d’apprentissage et j’ai fini dans la vente de pièces automobiles. À l’époque, je n’aimais pas trop cela et surtout je n’y connaissais rien aux voitures car cela ne m’intéressait pas du tout. Ce fut deux années très compliquées de ma vie. Suite à cela, j’ai travaillé 14 ans dans la vente.
Que fais-tu aujourd’hui ?
Aujourd’hui je suis photographe indépendant. Je travaille avec des modèles ou mannequins professionnels qui souhaitent créer ou développer leur « book photo » pour des agences. Je travaille aussi pour des agences de publicité, des acteurs, des chanteurs et aussi pour des particuliers qui désirent vivre l’expérience de modèle en faisant un shooting pour leur plaisir. Je suis aussi photographe pour les mariages.
En gros je vis de ma passion et c’est quelque chose que je ne peux que souhaiter à tout le monde. Malgré tout, j’ai l’impression que les gens n’osent pas sauter le pas, à cause probablement de la peur de la sécurité salariale. Il est vrai que je n’ai pas d’enfants ni de vie familiale, ce qui est peut-être est plus simple. Les risques que je peux prendre n’entraînent que moi.
Quel a été l’élément déclencheur pour ce changement ?
Je dirais qu’il y en a eu plusieurs. Avant de vivre de cette passion, je faisais pas mal de photo en parallèle de mon travail de vendeur à 100%. Puis la photographie a commencé de plus en plus à prendre de place dans ma vie. Je faisais mes prises de vues lors de mon temps libre et je les retouchais les soirs après le boulot.
Du coup, j’avais de moins en moins d’heures de repos. Je suis tombé malade suite à cela. La fatigue et l’accumulation de travail n’ont fait qu’aggraver ma santé et attaquer mon cœur. Cela m’a complètement chamboulé et m’a amené à me poser des questions. J’ai donc décidé de travailler à 80% afin d’avoir un jour de plus pour me reposer et prendre soin de moi. Le problème c’est que pendant mon jour de « repos » j’en profitais pour faire encore plus de photos. Ainsi je repartais dans le même cercle vicieux qu’avant. Au bout de 2-3 mois, j’avais les idées beaucoup plus claires et j’ai demandé à mon patron de baisser encore un peu mon taux de travail, ce qu’il a refusé.
À partir de ce moment-là, il a commencé à me mettre des bâtons dans les roues au niveau de mon travail. C’est là que je me suis dit que c’était maintenant ou jamais! J’ai donc donné ma lettre de démission en accord avec mon patron.
C’est ainsi que je me suis dit que j’allais tenter l’expérience pour une année et voir ce qu’il en adviendrait. Je partais avec rien c’est pour ça que je me suis mis 8 mois au chômage pour me refaire financièrement et me préparer. J’avais zéro franc de côté, pas de business plan, rien ! On m’avait dit que le chômage aidait les gens qui souhaitaient créer leur propre entreprise. Mais photographe n’était pas un métier pour eux. J’ai donc claqué la porte aussi au chômage et je me suis lancé seul.
Par rapport à ta carrière, quel a été le moment le plus délicat et comment as-tu fait pour t’en sortir ?
Le plus délicat a été de démarrer. Car comme je disais avant, je partais de rien. J’avais l’habitude de partager des studios avec d’autres photographes mais cela ne m’a pas convenu. Le matériel était souvent endommagé, le studio n’était pas propre, il y avait un manque d’organisation dans les plannings, bref je ne travaillais pas dans de bonnes conditions. C’est alors que j’ai décidé d’avoir mon propre studio photo et espace de travail. Avec le peu de moyens que j’avais, j’ai tout de même réussi à avoir mon propre studio et payer les 5 mois de loyer d’avance demandés. Pour pouvoir intégrer enfin le studio, on me demandait de payer aussi le premier mois, ce que je n’avais pas prévu. J’ai ainsi dû demander un prêt à un ami que j’ai pu rembourser. Heureusement qu’à cette époque j’avais des gens qui croyaient en moi et sur qui j’ai pu compter dès le début.
Bien sûr qu’en tant qu’indépendant, il y a toujours des hauts et des bas. Mais en tant que photographe ce qui est le plus compliqué, c’est que contrairement à un coiffeur, la clientèle n’est pas régulière. Il faut savoir s’adapter chaque mois et surtout ne pas paniquer.
De quoi es-tu le plus fier ?
Sûrement d’avoir passé la première année et d’être toujours dans le circuit!
Je suis surtout fier du parcours que j’ai effectué pour en arriver là, car au tout début je ne me donnais pas beaucoup de chance. Je suis fière d’avoir changé de vie, d’avoir coupé avec ma routine du quotidien, et surtout d’avoir pris des risques car ça en voulait la peine. Je suis heureux chaque matin en me levant pour aller travailler et vivre de ma passion.
Si tu pouvais te donner un conseil à la personne que tu étais il y a 10 ans, quel serait-il ?
Fonce ! Je pense que l’on vit dans un pays où nous avons dans tous les cas une certaine « sécurité ». En Suisse, nous avons la chance, comparé à d’autres pays, d’avoir un grand nombre de structures pour aider les gens. Donc essaie ! Et si cela ne marche, pas tant pis, ce sera dur au début mais on se remet de tout.
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