creativ portrait michele di napoli

Aujourd’hui, nous reprenons avec le portrait de Michele Di Napoli. Originaire de Rome, ce fan de la Lazio a le coeur sur la main et a tout quitté en Italie pour rejoindre, en Suisse, la femme qu’il aime. Nous vous présentons avec plaisir ce portrait de la semaine.

Que faisais-tu avant ?

Je travaillais à l’Aéroport de Rome comme barman, j’étais responsable de 5 personnes et travaillait de manière autonome. Au fur et à mesure, nous avons construit une équipe solide, solidaire et soudée, nous sommes même devenus des amis avec certains. En parallèle, j’avais réussi à m’acheter une petite maison dans laquelle j’avais du plaisir à vivre. Ayant toujours vécu à Rome, quitter cette ville n’était pas du tout dans mes projets, contrairement à l’un de mes collègues. Il voulait quitter la ville, le pays et vivre de nouvelles aventures et moi je souhaitais rester ici, car je m’y sentais bien.

Je suis une personne honnête et qui m’implique beaucoup dans tout ce que je fais. Mon père m’avait trouvé cette place de travail et je voulais la garder, non seulement car elle me plaisait et mais également par respect pour lui. La confiance et le bon travail sont des valeurs très importantes pour moi et c’est avec celles-ci que j’ai toujours vécu.

Que fais-tu aujourd’hui ?

Je vis en Suisse et je travaille dans un restaurant en qualité de serveur. Je ne compte pas mes heures de travail et je m’implique autant que je peux. Notre patronne me donne le courage de continuer car nous sommes une équipe, tous autant que nous sommes.

Je partage mon appartement avec une personne extraordinaire et j’en suis très fier. J’ai tout quitté et j’ai repris ma vie à zéro. Dans mon emploi et dans ma vie, rien n’est pareil en Suisse. Comprendre quels sont la mentalité, l’accueil de la famille et de l’emploi, les gens et les habitudes n’a pas été simple au début. Mais je me suis habitué à la neige et aux coutumes. Je m’adapte à la culture, j’ai appris à skier et j’en suis fier.

Je me suis créé une famille, des amis et j’ai beaucoup de plaisir car je me sens intégré. J’ai beaucoup d’énergie et j’aime profiter de la vie et de la chance que j’ai. Je suis quelqu’un d’hésitant à donner ma confiance, mais j’écoute mon cœur et ce que je ressens.

Quel a été l’élément déclencheur pour ce changement ?

Une femme. J’ai rencontré Alessia à l’aéroport de Rome et j’ai tout de suite compris que quelque chose de différent se produisait. Nous avons discuté sur Facebook et nous nous sommes revenus. Nous sommes devenus des experts EasyJet a force de faire des allers-retours et nous reconnaissions presque l’ensemble du personnel (rires).

Sa famille est venue me rendre visite et après ces quelques années, j’ai été accueilli, en Suisse, dans l’appartement de ses parents et avec sa soeur. Heureusement, la cohabitation s’est extrêmement bien passée et j’ai été accueilli chaleureusement.

A Rome, mon collègue me téléphone régulièrement pour prendre de mes nouvelles et me demander comment j’ai eu le courage de partir. J’ai également gardé contact avec d’anciens collègues et ma famille. Je ne pensais pas que j’y arriverais mais une partie de moi voulait réussir seul, sans personne et je voulais aussi, pour une fois, être ma priorité numéro une.

Alessia a réveillé en moi la force et le courage d’agir pour moi et tout faire pour partager ma vie avec elle. On a pris du temps et réalisé les choses les unes après les autres. Nous avons aujourd’hui notre appartement à nous et nous y sommes bien, ensemble.

Quel a été le moment le plus délicat et comment as-tu fait pour t’en sortir ?

Les premiers deux mois à Yverdon. Même si j’ai été extrêmement bien accueilli par la famille d’Alessia, l’environnement extérieur à été difficile à comprendre. Les coutumes, les habitudes, la langue, tout était différent de chez moi. Quand j’ai commencé mon travail, je ne parlais qu’anglais et italien et absolument pas le français, d’ailleurs je n’appréciais même pas cette langue avant d’avoir été contraint de l’apprendre. Je me suis rendu compte qu’il y avait une grande différence entre la Suisse imaginée depuis Rome et la vie concrète ici. Petit à petit, j’ai gardé confiance, j’ai été bien entouré et j’y suis arrivé.

Ces mois difficiles et ces moments de doutes n’ont jamais remis en question ma décision, car si c’était à refaire, je refais exactement la même chose et les mêmes choix. Maintenant, j’aide beaucoup les personnes qui arrivent de l’étranger et je m’implique dans leur intégration. Je peux comprendre ce qu’elles vivent et si je peux adoucir, même un petit peu, le décalage des premiers temps, j’en suis satisfait. Je développe une grande solidarité avec les nouveaux arrivants.

De quoi es-tu le plus fière ?

D’avoir appris le français et d’avoir osé tout quitter pour venir en Suisse. J’ai compris que dans la vie « il ne faut jamais dire jamais », j’en suis la preuve. J’ai passé de l’aéroport de Rome, de ma maison personnelle, de ma vie de célibataire à Yverdon, dans un appartement avec la femme que j’aime et je parle français ! Je commence même à penser comme un Suisse (rires).

J’aime aller en montagne et j’apprécie ce pays, cette région et ma vie. Souvent, on regarde tout le chemin qui reste à parcourir mais je trouve capital de savoir s’arrêter et se retourner pour voir le chemin déjà parcouru. Tout cela aide à comprendre qui nous sommes.

Si tu pouvais te donner un conseil à la personne que tu étais il y a 10 ans, quel serait-il ?

D’être moins fou ! (rire) Plus sérieusement, peut-être de continuer mes études.

Quelle question poserais-tu à la personne que tu admires le plus ?

J’aimerais comprendre comment as-tu fait pour y arriver ?