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Cette semaine nous vous présentons avec plaisir le portrait de Denis Villard. Cet hyperactif au grand cœur partage tous les jours sa passion du sucre avec petits et grands dans ses ateliers à Essertines, et nous a ouvert les portes de sa caverne d’Ali Baba. Un grand merci à lui.

Que faisais-tu avant ?

J’ai commencé ma carrière par un apprentissage de pâtissier et j’ai rapidement réalisé un brevet dans les achats, car je ne gagnais pas suffisamment. Ensuite, j’ai toujours travaillé dans le domaine de l’alimentation, avec des postes très variés. D’acheteur à responsable logistique en passant par contre maitre d’industrie, je me suis également formée en parallèle afin de compléter mes connaissances dans le secteur.

J’ai toujours su que je souhaitais être mon propre patron, mais l’occasion ne s’était pas présentée. De plus, j’ai pratiquement toujours eu du plaisir à travailler dans ces différents métiers.

Je suis une personne qui aime suivre les opportunités et qui avance. Par contre, je ne passe pas à autre chose tant que je ne maitrise pas ce que j’ai commencé.

Que fais-tu aujourd’hui ?

Je me fais plaisir ! Aujourd’hui, je travaille pour moi au sein de Glucose Passion et j’ai un plaisir fou. Même lorsque je suis fatigué et que j’ai travaillé 7 jours pendant plusieurs semaines, je mets ma blouse et je me transforme en autre homme, rempli d’énergie et de passion. D’ailleurs certains enfants m’appellent « sucre-man ». J’aime voir la fierté des adultes et des enfants lorsqu’ils réalisent une pièce en sucre, lorsqu’ils repartent avec leur propre création et un immense sourire. Avec de l’accompagnement et le bon matériel, tout le monde est capable de réaliser de belles choses. Le contact avec les gens m’apporte vraiment beaucoup. Parfois, je me dis que c’est banal ce que je fais, mais le développement des compétences des enfants et des adultes est absolument génial à voir.

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Tout cela n’était pas gagné d’avance. J’ai démarré seul avec uniquement 2 personnes qui croyaient en mon projet, ma femme et un ami. Gagner sa vie avec du sucre n’était pas un argument convainquant pour la grande majorité de mon entourage, mais j’ai décidé de me battre pour mon entreprise. J’ai commencé à temps partiel durant 6 mois avec peu d’argent et aucun client. Un capital de départ est très important, mais de trop en avoir est démotivant. Là, je n’ai pas eu le choix que de me sortir les pouces, j’y ai cru et je me suis donné. J’ai aussi eu la chance que ma femme comprenne mon fonctionnement et mon ambition car son accompagnement est primordial pour moi. De fil en aiguille, la société s’est développée et mon équipe et moi travaillons ensemble pour la qualité et le plaisir des clients.

Aujourd’hui, nous sommes 4 employés, nous avons 2 salles de cours et tout prochainement une troisième, on donne des cours en France, en Italie et au Ghana. L’équipe est solide et nous travaillons dans une grande confiance. Lorsqu’il y a besoin, nous pouvons être jusqu’à 8 formateurs lors de grandes représentations.

Quel a été l’élément déclencheur pour ce changement ?

Je m’ennuyais dans mon précédent emploi et mes compétences étaient sous-utilisées. Cela faisait longtemps que j’en parlais, mais avec un bon salaire, des économies investies dans la rénovation d’une maison, 4 filles, 3 chevaux et 2 voitures, je n’ai pas osé tout de suite me lancer dans l’aventure pour devenir souffleur de sucre.

Grâce à la maitrise de la gestion d’une entreprise, les formations et les expériences professionnelles que j’ai réalisées, je savais gérer une comptabilité, remplir des décomptes et négocier. Je suis aussi très bricoleur et je rénove également beaucoup moi-même. Avant, mon travail était de régler des problèmes et maintenant c’est de chercher de nouvelles idées.

J’ai créé une SA, il y a 2 ans sans aucun investisseur. Je ne sais pas ce que je fais de particulier, mais comme pour ma carrière, je saisis les opportunités qui s’offrent à moi. Donc l’avenir de Glucose-Passion dépendra des opportunités qui vont être sur mon chemin.

Par rapport à ta carrière, quel a été le moment le plus délicat et comment as-tu fait pour t’en sortir ?

L’année dernière a été la période la plus difficile. Je n’avais pas suffisamment anticipé un moment difficile comme la baisse de l’Euro. Les conséquences ont été grandes, car les centres ont supprimé les activités et les réservations ont chuté. J’ai pensé que ça allait être bon comme d’habitude et je me suis trompé.

Je ne me voyais absolument pas fermer l’entreprise, quitter mes collaborateurs, perdre mon indépendance et donner raison à tous ceux qui disaient que ça ne marcherait pas. Pour toutes ces raisons, je me suis senti boosté pour la recherche de nouvelles idées et de nouveaux projets, ce qui a été un grand coup de fouet et m’incite à anticiper davantage.

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De quoi es-tu le plus fière ?

Que l’entreprise fonctionne. Le simple apprenti boulanger qui devient souffleur de sucre n’était pas gagné d’avance. Aujourd’hui, je suis super fier de Glucose-Passion et de l’équipe ! J’ai tendance à me sous-estimer, car l’évolution me semble normale, mais parfois je regarde autour de moi et je me dis quand même que je suis vraiment très content.

D’ailleurs, je ne mets pas la veste avec mon nom. Il ne faut pas se dévaloriser, mais je n’aime pas quand les gens me disent que je suis un artiste. « Cette pièce je l’aurais vue il y a 15 ans j’aurais dit que c’était la classe mondiale. » Voilà ce qu’a dit un champion de France en pâtisserie sur Facebook. C’est clair que ça fait plaisir !

Si tu pouvais te donner un conseil à la personne que tu étais il y a 10 ans, quel serait-il ?

De suivre son instinct. J’ai toujours été très indépendant, mais je n’osais pas me lancer dans ma propre société. Même si tout allait bien, je ne l’aurais pas fait il y a 10 ans, car je pense que ces années m’ont fait gagner en maturité et en cumul d’expériences utiles au bon développement de la société actuelle.

Quelle question poserais-tu à la personne que tu admires le plus ?

Il y a beaucoup de personnes que j’admire pour une compétence particulière, comme dans le sport de haut niveau. Je ne pense pas que je leur demanderais comment ils ont fait, car je pense qu’il y a une part de chance et que si tu veux réussir il te faut des compétences, du bagou et des connaissances. Je pense que j’utiliserais l’humour et que je dirais une connerie comme « comment ça va avec les femmes ? » (rire.)

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